LE PROJET DU MILIEU

Implantée dans une dent creuse, à l’abri du regard et en retrait du centre-bourg, l’extension s’insère avec justesse dans le paysage rural. Ce choix d’implantation optimise le relief existant, limite les mouvements de terrain et préserve la lisibilité de la parcelle. Elle s’ancre dans le sol, dans la continuité du bâti, tout en ouvrant de nouvelles perspectives.

Le projet propose deux respirations extérieures, complémentaires dans leur usage et leur orientation. Au sud-est, un jardin clos, enveloppé entre murs de soubassement et volumes bâtis, forme un espace intime, tempéré, pensé pour les heures les plus chaudes. Il préserve l’accès direct au four à pain, élément patrimonial emblématique, auquel les maîtres d’ouvrage sont attachés. Au nord-ouest, une terrasse suspendue au-dessus du relief capte le grand paysage. Ce belvédère domestique, ouvert sur l’horizon, intègre un foyer extérieur et devient un lieu de vie pour les intersaisons et les fins de journée baignées de lumière.

La volumétrie de l’extension s’inscrit avec retenue dans la continuité du pignon nord de l’annexe en granite. Elle reprend une toiture à deux pans, au faîtage aligné, comme une duplication contemporaine du volume existant. Cette réplique volontaire renforce l’équilibre de la composition architecturale, tout en introduisant une lecture nouvelle par le biais des matériaux.

Une toiture terrasse, en retrait, assure la transition entre l’existant et l’extension. Ce volume de liaison marque un entre-deux, un seuil à l’échelle bâtie, et permet de respecter les gabarits tout en affirmant l’écriture contemporaine du projet.

L’extension affirme sa modernité par une matérialité sobre et contextuelle : une ossature bois habillée d’un bardage vertical en Douglas, naturellement grisé par le temps. Cette peau vibrante, issue de ressources locales, dialogue en finesse avec la rugosité minérale du granite morvandiau. Les menuiseries extérieures, adoptent une teinte pourpre sourde, en résonance subtile avec les reflets gris bleutés de la pierre.

Les parois intérieures sont isolées en laine de bois, doublées de panneaux Fermacell, matériaux biosourcés choisis pour leurs qualités techniques et environnementales, en cohérence avec l’esprit du lieu

Le traitement des ouvertures s’inspire du vocabulaire traditionnel tout en l’interprétant avec précision : les proportions sont reprises en homothétie, offrant de larges baies à l’écriture contemporaine.

Aucune modification n’est apportée aux façades de l’habitation principale, conservées dans leur intégrité. Les façades, laissées en pierre apparente, conservent toute la force expressive de la matière.

Photographies : Sylvain Jouve